Mention de source
Sébastien Huot

Biographie

Roseline Lambert est née à Montréal en 1978. Elle poète et anthropologue. Elle a publié Les couleurs accidentelles (2018), un livre en couleur, et Clinique (2016), un livre avec des animaux, aux Éditions Poètes de brousse. Elle s’intéresse aux voyages, aux couleurs et à la matière, aux animaux, aux trains et aux plantes. Elle collectionne les cartes postales et écrit encore des lettres à la main qu’elle aime envoyer par la poste. Elle aime écrire au « je » et analyser ses expériences intimes et celles des autres pour les inscrire dans leur contexte social, politique et culturel : s’inscrire dans le monde. Ce sont des impulsions qui font des reflets dans ses poèmes. Elle écrit surtout le matin et quand elle est en voyage. 

Entrevue

Lisiez-vous de la poésie quand vous étiez à l'école ? Y a-t-il un poème en particulier dont vous vous souvenez ?

Je suis encore à l’école à quarante-deux ans! Mais quand j’étais enfant et adolescente, je lisais énormément de romans, tout le temps, et surtout pendant les cours que je trouvais ennuyants. Je ne connaissais pas tellement la poésie et je ne savais pas comment entrer dans cet univers poétique.  

Quand avez-vous commencé à écrire de la poésie ? Et quand avez-vous commencé à vous considérer poète ?

J’ai toujours écrit en vers, depuis que je suis enfant, sur des petits bouts de papier. Je n’ai jamais compris pourquoi c’est la forme d’écriture qui s’impose instinctivement à moi. Pourtant même si j’ai toujours lu beaucoup plus d’histoires et de romans, je me sens incapable d’écrire autrement qu’en développant des images poétiques qui se déploient comme dans un kaléidoscope. Le poème est la forme qui me donne le plus de liberté d’exploration, c’est pourquoi je m’y sens plus à l’aise. Peut-être aussi que je n’aime pas les contraintes d’écriture. Mais même si j’écris des poèmes depuis que je suis toute petite, il est récent pour moi de ressentir le besoin de les partager. En 2012, une amie, qui voulait que je participe à un concours de poésie pour gagner un voyage en France, m’a menacée de rendre un de mes poèmes public si je ne participais pas au concours. J’ai donc gagné une bourse pour aller en France travailler sur mes textes avec d’autres poètes et j’ai dû lire mes poèmes devant des centaines de personnes : dans le regard des autres, à partir de ce moment-là, je n’avais désormais plus le choix de me considérer en tant que poète.  

Comment voyez-vous le « travail » des poètes ?

Pour moi la poésie est un travail manuel. Très proche de la sculpture, la matière travaillée est le langage mais aussi la page, le papier, l’écran, la toile. Il y a une matérialité dans ce travail qu’on a tendance à occulter. C’est aussi un travail artisanal, dans le sens où il faut bricoler, raffiner notre objet poétique pour qu’il devienne un objet de beauté.

Parce que c’est un travail manuel et artisanal, c’est aussi un travail peu reconnu et peu rentable dans notre société, c’est pourquoi il faut beaucoup de passion et de détermination pour le mettre au centre de sa vie. C’est ce que j’essaie de faire le plus possible.

 

Si vous avez un poème dans notre anthologie, qu’est-ce qui vous a inspiré lors de son écriture ?

Dans ce poème, je voulais comparer l’expérience de la construction d’une histoire amoureuse avec l’expérience d’écrire sur une page en papier ou de faire pousser des plantes. Pour moi, ce sont trois actions concrètes qui font partie du même mouvement : écrire, semer, aimer. Dans ces trois verbes, il s’agit de faire des gestes concrets qui nous sortent de notre solitude pour aller vers l’autre ou vers le monde, qu’il soit humain ou végétal. Ces gestes nous poussent dans quelque chose qui nait.

 

 

 

Si vous deviez choisir un poème à mémoriser dans notre anthologie, lequel serait-ce ?

Si j’avais de la mémoire, je choisirais : « C’est moi-même, Terreur, c’est moi-même » de Aimé Césaire.

Il s’agit d’un poème extraordinaire. Les vers suivants sont magnifiques : 

 

et tout le jour avançant

marqué du fer rouge de choses sombrées

 

Le contexte dans lequel émerge son œuvre touche ma sensibilité d’anthropologue : il invente par la poésie cette idée de la « négritude » et participe ainsi à un profond mouvement identitaire créole. 

Publications

Titre(s) du ou des poème(s)
Glaciation
Titre
Les couleurs accidentelles
Maison d'édition
Poètes de brousse
Date
2018
Type de publication
Recueil
Titre(s) du ou des poème(s)
Égorgement
Titre
Clinique
Maison d'édition
Poètes de brousse
Date
2016
Type de publication
Recueil
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