Mention de source
Jeremy Bobrow

Biographie

Poète, auteure jeunesse et artiste, Jeanne Painchaud a fait du poème « haïku » une passion depuis plus de 20 ans. Elle a publié cinq recueils de haïkus parmi une dizaine de titres, en plus de nombreuses participations dans des anthologies et collectifs. En 2013, elle a gagné le grand prix, section internationale, du prestigieux concours de haïkus du quotidien de Tokyo le Mainichi Shinbun. Elle est fascinée par la fulgurance de l’instant qui passe, la justesse du mot, l’effervescence de la créativité et la curiosité des jeunes pour la langue. Elle aime aussi faire vivre les mots dans l’espace public par des projets singuliers : expositions éphémères, parcours de poèmes sur les trottoirs, objets poétiques, etc. Elle a été invitée à des événements littéraires en France, en Belgique, au Sénégal, au Japon et aux États-Unis. Elle vit et travaille à Montréal.

 

Entrevue

Lisiez-vous de la poésie quand vous étiez à l'école ? Y a-t-il un poème en particulier dont vous vous souvenez ?

Je me suis initiée très jeune à la poésie, bien malgré moi, par une magnifique anthologie sur l’enfance qui traînait dans la maison, et qui réunissait des poètes et auteurs de toutes les époques. L’anthologie avait pour titre : « L’enfant » (Éditions Fleurus, Paris, 1961). Mes parents l’avaient reçue en cadeau, eux qui s’y connaissaient en matière d’enfants puisqu’ils en avaient six. C’est le poème de Victor Hugo, tiré de L’art d’être grand-père, dont je connais encore par cœur les premiers vers, qui m’avait le plus frappée (à la limite, traumatisée !), puisque mes prénom et nom, presque au complet, s’y retrouvaient dès le premier vers :

« Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,

Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,

J’allai voir la proscrite en pleine forfaiture,

Et lui glissai dans l’ombre un pot de confiture... » 

 

Bien plus tard, l’été juste avant de commencer mon secondaire 4, je suis partie en camping en emportant dans mon sac à dos un livre que j’avais emprunté à mon grand frère : Les Fleurs du mal, du poète français Charles Baudelaire. Je l’ai lu un soir, près du feu : magnifique! J’ai appris plus tard que ce recueil de poésie est un des plus grands de langue française. Puis, j’ai lu en lecture obligatoire à l’école, mais avec ravissement, les poèmes du poète québécois Émile Nelligan. Après en avoir tourné la dernière page, je me suis mise à rêver qu’un jour, j’allais écrire un livre de poésie, moi aussi.

 

Quand avez-vous commencé à écrire de la poésie ? Et quand avez-vous commencé à vous considérer poète ?

C’est en secondaire 3 que j’ai commencé à écrire de la poésie. Je vivais alors beaucoup d’émotions : j’étais tombée amoureuse et je traversais ma première peine d’amour. 

À 28 ans, j’ai commencé à me prendre un peu plus au sérieux comme poète. J’avais gagné le premier prix d’un concours de poésie et mon poème est paru dans un journal. Il s’agissait de l’hebdomadaire francophone de Toronto, L’Express.

Comment voyez-vous le « travail » des poètes ?

Plus j’écris de la poésie, plus je pense qu’elle a été « inventée » pour exprimer des sentiments et des émotions, tandis que le roman, la nouvelle et le récit ont plutôt pour mission de raconter une histoire. Évidemment, tout n’est pas à trancher au couteau. 

Il est assez simple de décrire des choses très concrètes comme une pomme, des bottes, ou même une montagne. On peut facilement les imaginer, même s’il existe une multitude de pommes, de bottes ou de montagnes. Mais… comment décrire et partager des choses qu’on ne voit pas ou qu’on ne capte pas avec un de nos sens, mais qu’on ressent très fortement en soi comme la peur, la colère, l’amour, la tristesse? On aura recours bien souvent à des images pour décrire, par exemple, l’ampleur de notre tristesse, invisible, mais bien réelle. C’est ce qu’on appelle une « métaphore ». Je pense que la poésie existe d’abord pour mieux comprendre nos sentiments et nos émotions, grâce à des images, des métaphores.

La poésie permet aussi de jouer avec la langue, parfois même de la réinventer. On peut s’amuser avec les rythmes, les sons, les sens, la longueur des mots ou des phrases.  La poésie s’adresse d’abord au cœur et à la sensibilité du lecteur, plutôt qu’à sa logique.

Si vous deviez choisir un poème à mémoriser dans notre anthologie, lequel serait-ce ?

Ce serait Il est d'étranges soirs...d'Albert Samain.

 

Publications

Titre
Je marche à côté d'une joie
Maison d'édition
Les 400 Coups
Sous la direction de
--
Date
1997;réédité en 2006
Type de publication
Recueil
Titre
Soudain
Maison d'édition
Éditions David
Sous la direction de
--
Date
2002
Type de publication
Recueil
Titre
Découper le silence, Regard amoureux sur le haïku
Maison d'édition
Somme toute
Sous la direction de
Renaud Plante
Date
2015
Type de publication
Recueil
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