Contre-Jour

Les oiseaux apparaissent,

S’allume une flamme

Et c’est la femme ;

 

Sans nom ni liens ni voile,

Errant les yeux clos,

La femme couverte de la fraîcheur de la mer.

 

Mais brusquement les oiseaux réapparaissent

Et s’allonge cette flamme

Plus qu’entr’aperçue au fond de la chambre.

 

Et c’est la mer,

La mer aux bras endormants portant le soleil,

Ni orient ni nord, ni obstacle ni barre, la mer ;

 

Rien que la mer ténébreuse et douce

Tombée des étoiles, témoin des mutilations du ciel,

Solitude, pressentiments, chuchotis,

 

Rien que la mer,

Les yeux éteints,

Sans vague ni vent ni voile.

 

Brusquement les oiseaux réapparaissent ;

Et c’est la femme,

Ni étoile ni rêve, ni geyser ni roue, la femme.

 

Les oiseaux reviennent ;

Et rien que la mer.

Bibliographical info

Dib, Mohammed, « Contre-jour », Ombre gardienne, Paris, Gallimard, 1961.

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